Ecole de sophrologie évolutive

L'echelle

 
L'ESCALIER DES VALEURS 
(d'apres Marc Alain Descamps, inspirateur du transpersonnel en France)
 
L’escalier des Valeurs intègre le triangle des besoins de Maslow ; il est double et symétrique et se lit donc en montant et en descendant. Nous distinguons cinq valeurs montantes, la valeur suprême et cinq valeurs descendantes, qui sont en fait des anti-valeurs.
 
1. Les valeurs physiologiques. La vie commence par les valeurs de la vie, les valeurs vitales, indispensables pour vivre. Après réflexion et étude, elles sont finalement peu nombreuses et réduites. Mais on commence toujours par elles et on est en droit de les exiger. Pour vivre on a besoin de respirer, manger, boire et dormir. C’est à peu près tout.
 
2. Les valeurs de sécurité. Tout être humain a droit à l’intégrité de son corps (pas de meurtre, de torture, de coups, de viols …). C’est l’Habeas corpus, contre l’emprisonnement arbitraire, accordant la protection de la loi même en prison et la protection d’un abri sur pour dormir et vivre en paix.
 
3. Les valeurs d’affiliation. L’homme est un animal grégaire, qui est fait pour vivre en groupe, un « zoon politikon », un animal qui vit en cités. L’antique malédiction Vaae solis, malheur à ceux qui sont seuls, ils finiront SDF, clochard sans domicile. D’ailleurs littéralement un être humain ne peut pas vivre seul, sans l’aide des autres. L’on peut en sus préciser que l’affiliation ne suffit pas, que l’on recherche en plus une intégration et une reconnaissance.
 
4. Les valeurs d’estime. Tout le monde a besoin d’estime, nul ne peut vivre continuellement dans le mépris (sauf les masos). Mais l’estime est double, il y a l’estime de soi et l’estime reçue des autres. Il est difficile de vivre sans l’estime des autres : celle de ses parents, de ses enfants, de ses supérieurs, de ses collègues de travail, de ses voisins et de ses amis … Tout le monde est avide de reconnaissance et de signes extérieurs (médailles, décorations, titres …). Et il n’est pas facile de garder l’estime de soi dans l’indifférence ou le mépris des autres.
 
5. Les valeurs de réalisation de soi. Tout être tend à persévérer dans son être, tout être veut se développer, s’épanouir dans toutes ses dimensions, réaliser toutes ses possibilités. Actuellement on pense aussi à la réalisation psychologique par le « développement personnel ». Mais tout cela est encore très intéressé, avec un but égoïste. Pire, certains veulent acquérir des super-pouvoirs en rêvant à la parapsychologie, au paranormal, à l’occultisme et demandent des « sorties hors du cops, voyages astral, guérissage, vies antérieures, régressions, transgressions … ».
 
6. Les valeurs de dépassement. Dépassement est désintéressement, ce qui est gratuit, don généreux, sacrifice. Cela est nouveau, on ne l’avait pas encore rencontré : on vient de dépasser le niveau égoïste pour atteindre le niveau transpersonnel. On échappe à l’égoïsme originel, comme par la sublimation dans l’Art. Ce sixième niveau, celui des valeurs de dépassement, mène l’homme vers le dépassement de lui-même, vers le sacrifice et le dévouement, vers l’action gratuite et désintéressée. Aller au delà de soi, se dévouer pour quelque chose qui dépasse l’homme, croire en un espoir, un idéal, une Transcendance : tout cela permet de servir à quelque chose et d’être utile. C’est cette mutation qui hausse l’homme au dessus de lui-même qui lui permet d’ajouter aux acquis de la civilisation et de remplir le but de l’espèce humaine sur la terre : s’éloigner de la bestialité et aller vers un transhumain. Le dévouement aux Valeurs donne son sens à la vie humaine.
 
Si l’on n’arrive pas à passer du développement personnel au Transpersonnel, on rate la réalisation suprême et l’on va redescendre en sens inverse ce que l’on vient de réaliser pas à pas. La racine des échecs dans la vie est l’égoïsme et le refus du sublime. C’est la dégringolade. L’on chute de tout ce qui a été acquis précédemment. Et donc nous redescendons l’escalier marche par marche.
 
7. Les valeurs secondaires. Si l’accès au sixième niveau a été raté, la désespérance s’installe, car l’on sait que quelque chose d’essentiel a été perdu. On chute alors dans les valeurs secondaires, qui sont celles de l’avoir et non pas de l’Etre. On cherche la réussite, on veut réussir sa vie. Et la réussite c’est quoi ? Avoir la T.V., un chien, une auto, une femme et des enfants, une belle maison avec un jardin, une résidence secondaire avec piscine, un bateau, son hélicoptère ou son avion privé, etc. Etc. parce que c’est sans fin et sans limite, " toujours plus ", avoir un appartement dans chaque ville avec les plus belles filles qui vous attendent, son journal, ses avocats et conseillers financiers, sa chaîne de télé, sa banque, sa multinationale, sa fondation humanitaire et son musée … De toute manière on ne s’accroche à ces biens périssables que faute de pouvoir accéder aux impérissables. On ne chute dans l’accumulation des avoirs que faute d’Etre.
 
8. Les valeurs de l’oubli. Un échec de plus et l’on se retrouve dans les valeurs de l’oubli. Ce qu’il faut c’est s’étourdir et oublier. Ceci se camoufle assez souvent sous le désir de plaisir, de jouir, d’en profiter. Il faut user et abuser de tous les plaisirs en niant absolument que cela puisse entraîner une dépendance. Le cas le plus typique est celui des drogués. Ils peuvent présenter leur utilisation des drogues comme une exploration des états intérieures, dans la réalité leur égoïsme est forcené, Il en est de même pour les joueurs de tous acabits et l’alcoolique a toujours une souffrance à oublier. Dans une psychothérapie, rien ne peut être obtenu tant qu’on a pas agi sur la perte, la honte, l’égoïsme et rendu à la personne l’idéal dont elle s’estime indigne.
 
9. Les valeurs de la solitude et de l’absurde. Un degré de moins et l’on descend de l’oubli dans le désespoir. C’est l’état d’une vie qui n’a pas de sens, d’une vie absurde, inutile. Cette apologie de l’absurde et du non-sens a été très à la mode à l’époque de Sartre et des caves de Saint-Germain-des-Prés à la Libération. Cette glorification du désespoir ne pouvait mener qu’à la Nausée sartrienne. Faire l’expérience de la solitude vient souvent de ce que l’on s’est coupé de tout et de tous. C’est ce qui conduit à se marginaliser l’individu qui n’a pas pu adhérer aux valeurs du groupe et qui s’est mis à part tout seul. Devant l’horreur de ce qu’ils étaient en train de réaliser ou de ce qui allait s’installer, certains se sont séparés, étrangers dans l’étrange (aliénus), aliéné et fou. Combien ont préféré s’absenter et entrer dans le vide de la folie, la plus absolue solitude. On est là dans le contraire exact des valeurs d’affiliation et d’intégration, personne ne peut avoir raison tout seul et personne ne peut vivre seul.
 
10. Les valeurs destructives. Par contre il est possible de tomber encore plus bas, au lieu d’être inutile, on peut devenir un nuisible. Ces valeurs négatives sont celles de la délinquance, qui cherche à organiser une anti-société. Mais certains dans le désespoir le plus total ne respectent rien et veulent simplement qu’on les laisse tranquillement tout casser et tout détruire. Un autre degré est celui des criminels, les assassins, les sadiques, les violeurs, les pédophiles et les tortionnaires … Nous sommes là dans le contraire complet du besoin sécuritaire, ces êtres dangereux ne respectent rien. Pire sont les terroristes, car ils se drapent dans une apparence de légitimité désintéressée.
 
11. Les valeurs de mort. Le cycle est bouclé avec le contraire des valeurs de vie. Tout le monde a faim et réclame à manger sauf l’anorexique, qui vit la faim comme le plaisir suprême. Il est vrai que l’anorexie est une conduite suicidaire inconsciente. Dans le suicide la pulsion de mort est à son comble et la plus grande agressivité possible est retournée contre soi, dans le désespoir. C’est le néant et l’auto-destruction, on ne croit plus à rien, sinon stopper la douleur et le désespoir.
 
Les Valeurs du XXIème siècle
 
Les nouvelles valeurs du XXIème siècle et du Troisième Millénaire se préparent déjà avec la seconde Renaissance à laquelle nous participons. Les deux premiers tiers de ce siècle ont été, à la suite des précédents, marqués par le matérialisme scientifique et ses conséquences : l'impérialisme économique, les violences et les guerres destructrices. La science s'est lentement construite avec les dogmes de la seule quantification par Galilée, du mécanisme de Descartes et de la physique close de Newton. Le matérialisme est passé d'une précaution méthodologique dans l'expérimentation scientifique à une philosophie niant le rôle de l'esprit et cherchant à construire le monde à partir du hasard et de la nécessité (de Darwin à Monod). En expurgeant soigneusement toute orientation, toute finalité et tout sens, il n'a pu qu'aboutir à la philosophie de l'absurde de Sartre. Economiquement il a tout fondé sur l'intérêt et bâti le monde du profit à tout prix et du capitalisme égoïste. Même Freud et certains psychanalystes ont réduit tout l'homme à ce qu'il y a de plus bas en lui : la sexualité et l'agressivité. Et ce monde matérialiste trouvait son fleuron dans la système communiste et son hégémonie colonialiste qui se répandait de plus en plus. Ce colosse aux pieds d'argile s'est écroulé brutalement dans un fiasco généralisé : économique, écologique, tribal et humain.
 
La rupture avec cette ancienne mentalité s'est produite en réalité aux deux tiers du siècle avec l'année des Hippies (6 octobre 1966- 7 octobre 1967) dont sont sortis tous les mouvements de 1968 et le renouveau qui en est résulté. La faille dans la science avait été créée par la révolution d'Einstein (théorie de la relativité 1905), d'Heisenberg (principe d'incertitude 1930) et de Max Planck (théorie des quanta). De nouvelles théories contre un monde conçu comme formé d'objets séparés apparaissent soudain : le bootstrap de Geoffrey Chew (1968), l'ordre impliqué de David Bohm, la théorie des catastrophes de René Thom, la théorie holographique du cerveau de Karl Pribram (1968), les structures dissipatives d'Illya Prigogine (1977), la théorie du Big-Bang, la causalité morphogénétique de Rupert Sheldrake, Gaïa, terre vivante de James Lovelock (1972), les matrices périnatales de Stanislav Grof (1969)... L'ensemble s'articule selon un nouveau paradigme scientifique qui, à l'opposé de l'ancien, a une vision spiritualiste. Le monde, qui n'est pas formé d'objets matériels séparés, est une structure énergétique fluide, comme notre corps. Il y a une unité sous-jacente entre l'homme et l'univers et une Conscience-Energie est à l'oeuvre dans l'univers.
 
Tout repose donc sur la Conscience qui reste encore à étudier. La conscience est la donnée première de notre esprit qui permet de se rendre compte et de faire attention. La grande révolution a été l'apparition dans les années 60 des psychothérapies humanistes et transpersonnelles. Grâce à elles, il est possible d'échapper aux conditionnements de sa naissance, de son enfance et de son éducation. De plus la psychanalyse spiritualiste permet d'accéder à une dimension intérieure non encore explorée, celle du sacré ; elle retrouve les médecines du sacré des peuples primitifs et les techniques corporelles utilisées pour atteindre à l'expérience mystique. Tout est maintenant centré sur le voyage intérieur jusqu'au fond de soi-même, l'exploration de la méditation et des expériences d'expansion de conscience et d'Eveil.
 
L'ensemble offre une nouvelle vision du monde, de l'homme et de la science. Ainsi se constitue un Univers où tout est relié. L'homme n'est plus seul et perdu dans un monde matériel froid, hostile et absurde. La racine de l'aliénation était pour nous dans l'opposition de l'âme et du corps et la haine du corps qui en était résultée. Tout était lié, le refus de son corps menait l'homme à l'oppresser et à opprimer également la nature, les animaux, les femmes, les enfants, les peuples non-industrialisés, les individus non-économiquement rentables, etc. Par la réconciliation avec son corps et l'acceptation de sa nudité, l'homme a pu échapper à 2.500 ans de honte du corps et de culpabilité. Et par conséquent en s'acceptant mieux, il a pu admettre la libération des femmes, la décolonisation, la reconnaissance des droits des enfants et des animaux, la protection de la nature et l'écologie... C'est désormais l'amour de la nature qui remplace l'impérialisme et la guerre.
 
La tache la plus urgente du XXIème siècle nous paraît donc être l'exploration de la conscience et des états supérieurs du surconscient. Par là, on découvrira des moyens encore plus efficaces de libération et de réforme de sa vie. Freud n'a exploré que l'inconscient et les procédés psychanalytiques de transformation des pulsions les plus basses. Il reste à découvrir toute la psychanalyse des hauteurs. Ses opérations de sublimation et de métanoïa étaient utilisées dans les voies traditionnelles de l'Orient : Yoga, Taï-Chi, Zen, Soufisme, Lamaïsme, Chamanisme... Des techniques commencent à être reconnues : relaxation, immobilité, isolation sensorielle, hyperventilation, mantras, mandalas, chakras, Kundalini, énergie corporelle, expansion de conscience, pensée positive, visualisation créatrice, sublimation... Une psychanalyse spiritualiste est en train de se construire.
 
Après elles pourront être appliquées à l'individu, puis aux groupes et à la société avec les eidolons ou images-forces collectives, dont le maniement permettra une réforme globale de l'humanité. Le Holisme fait maintenant comprendre que rien n'est séparé et indépendant. Nous sommes en train de nous rendre compte de la constitution de la psychosphère ; non seulement la terre fonctionne comme un seul être vivant, mais la pensée humaine s'est unifiée. Grâce au réseau des communications ultra-rapides qui s'est établi (TV. fax, ordinateurs) rien de ce qui est humain ne nous est plus étranger. Une double pulsion pousse l'humanité, à la fois vers son unification mondiale et à la fois vers son enracinement dans le régionalisme.
 
L'accès au surconscient se réalise de plus en plus par des expériences diverses (mystiques, transpersonnelles, dialogue avec l'ange, Findhorn, rêve lucide, voyages aux confins de la mort, expériences périnatales...). Elles provoquent une mutation, une véritable métanoïa. Et ce passage au niveau du supramental est le parachèvement de l'évolution, selon ce qu'avaient prévu Aurobindo, Teilhard de Chardin, Gurdjief, Krisnamurti. Il était temps, car sinon l'humanité allait se détruire dans l'horreur d'une troisième guerre mondiale et l'apocalypse nucléaire.
 
Les nouvelles valeurs doivent beaucoup à l'inspiration de la spiritualité et de ses techniques, remplaçant ou revivifiant les anciennes religions. Mais elles proviennent aussi des femmes : après le matriarcat primitif et les civilisations patriarcales, la nouvelle civilisation sera féminine. Les femmes sont sorties de la reproduction, dans laquelle on les enfermait, pour entrer dans la production, l'industrie, la science, l'art, la culture et la politique. Elles apportent partout de nouvelles valeurs féminines. D'abord l'amour de la vie : puisqu'elle la donne et l'engendre longuement, la femme ne peut pas l'ôter et elle n'est pas un tueur comme l'homme. Partout ce sont elles qui protestent contre les violences, les tortures et les guerres. Elles contribueront à un monde fondé sur la négociation, la diplomatie et la coopération et non plus sur la guerre. La virilité, c'est la force, la bagarre, le culte du biceps et la partie de bras de fer ; au contraire, la femme est souple et patiente par nature, elle sait attendre, biaiser, céder pour revenir au moment favorable. Ce sont aussi les femmes qui ont inventé l'amour avec les Cours d'amour en Occitanie et les Béguines en Flandres au XIIIème siècle et elles l'ont imposé aux hommes plus intéressés par la simple sexualité (viol, inceste, harcèlement sexuel). La spiritualité et la mystique sont aussi des valeurs féminines, ainsi que l'affectif, l'imaginaire, le monde des sentiments et la sensibilité à ce qui n'est pas uniquement rationnel.
 
Marc Alain DESCAMPS
 
 
 
*
 
 
 
https://coeurdivin.com
 
https://atma-yoga.over-blog.com/
 
 
 
 
 

 

© 2011 Tous droits réservés.

Créer un site internet gratuitWebnode